Ici, les murs parlent.
Ils viennent vers vous, ils vous apostrophent sans cesse - ils ont mille chose à vous dire, ils vous parlent de musique (ah, les couleurs flashy des affiches de cumbia !), de politique (n'oubliez pas de voter APRA !), du dernier téléphone portable (les Péruviens en ont souvent deux, voire trois : un pour chaque opérateur...), du Christ qui vous aime et des ovnis qui vont bientôt venir.
Ils disent oui, ils disent non (oui à la grêve ! non à la grêve !), ils ne vous lâchent pas.
Murs bruyants, tapageurs, joyeux, qui font des clins d'oeil.
Il y en a aussi qui se font plus discrets, qui savent s'effacer - qui vous regardent sans rien dire.
D'autres encore qui ont bonne mémoire, qui sont la garde de ce qui n'est plus - qui murmurent des choses d'il y longtemps.
Des murs d'il y a mille ans, d'il y a cinq mille ans.
Des dragons coiffés d'un arc-en-ciel, sur les murs de la Huaca Arco Iris (ou Huaca El Dragón), temple Chimú, près de Trujillo.
Pas de mur vierge, ici (ou pas pour longtemps), pas d'interdiction d'afficher, pas de surface laissée blanche : il faut inscrire, écrire, dessiner - que chaque mur parle, crie, ou chante !