dimanche 31 août 2008

murs murs


Ici, les murs parlent.



Ils viennent vers vous, ils vous apostrophent sans cesse - ils ont mille chose à vous dire, ils vous parlent de musique (ah, les couleurs flashy des affiches de cumbia !), de politique (n'oubliez pas de voter APRA !), du dernier téléphone portable (les Péruviens en ont souvent deux, voire trois : un pour chaque opérateur...), du Christ qui vous aime et des ovnis qui vont bientôt venir.




Ils disent oui, ils disent non (oui à la grêve ! non à la grêve !), ils ne vous lâchent pas.

Murs bruyants, tapageurs, joyeux, qui font des clins d'oeil.


Il y en a aussi qui se font plus discrets, qui savent s'effacer - qui vous regardent sans rien dire.








D'autres encore qui ont bonne mémoire, qui sont la garde de ce qui n'est plus - qui murmurent des choses d'il y longtemps.

Des murs d'il y a mille ans, d'il y a cinq mille ans.


Des dragons coiffés d'un arc-en-ciel, sur les murs de la Huaca Arco Iris (ou Huaca El Dragón), temple Chimú, près de Trujillo.


Et un très antique graffiti - un pétroglyphe - sur une roche de Queneto, dans la Valle de Moche, au sud de Trujillo.

Pas de mur vierge, ici (ou pas pour longtemps), pas d'interdiction d'afficher, pas de surface laissée blanche : il faut inscrire, écrire, dessiner - que chaque mur parle, crie, ou chante !

jeudi 21 août 2008

Rumbo Norte


Cette nuit, je pars en bus vers le Nord, direction Trujillo, sur la côte.

Plus que deux heures avant le départ !

mardi 19 août 2008

Blanc et vert


L'hiver de Lima n'a aucune tenue : ni froid, ni doux, ni sec, ni pluvieux.


L'hiver de Lima ne ressemble à rien.


C'est un ciel au blanc fixe, au blanc sale - chargé des humeurs de la ville, et poisseux d'une pluie qui ne se décide jamais à tomber.


Ciel couleur de l’attente.


Ciel-couvercle qui descend bas sur la ville jusqu'à toucher les toits, et qui fait paraître le monde plus petit.

Dilué, le monde, dans cet air-là ! Dissous, les angles !


Alors moi aussi (ma chère Violaine !) je cherche le vert.



Ce que je trouve, oh, c’est un vert modeste, un vert qui ne fait pas trop le fier – un vert de ville, qui fait de l’occupation silencieuse, qui profite des interstices…





Du vert, qui soulage quand même un peu de tout ce gris !



dimanche 17 août 2008

Deux mots croisés en chemin


Yllu et Illa, c'est quoi ?

Ce sont deux mots que j'ai rencontrés un peu par hasard, et que je choisis pour donner le "la" à ce carnet de voyage électronique - suivront des accords, et sans doute des désaccords.

Yllu et Illa, je ne sais pas très bien ce que c'est : ou plutôt, je ne sais rien de plus que ces quelques lignes, lues dans Les fleuves profonds de l'écrivain et anthropologue péruvien José María Arguedas (merci à Erlic de me l'avoir fait découvrir !).

En voici une tentative de traduction :

"La terminaison quechua yllu est une onomatopée. Yllu représente, dans une de ses formes, la musique que produisent les petites ailes pendant leur vol ; une musique qui naît du mouvement d'objets légers. Ce mot a une certaine ressemblance avec un autre, plus vaste : illa. Illa désigne à la fois une certaine espèce de lumière, et les monstres qui nacquirent, blessés par les rayons de la lune. Illa est un enfant à deux têtes ou un veau qui naît décapité ; ou un rocher géant, tout noir et brillant, dont la surface apparaît traversée par une large veine de roche blanche, de lumière opaque ; illa, c'est aussi un épi dont les rangées de maïs s'entrecroisent ou forment des tourbillons ; sont également illas les taureaux mythiques qui habitent au fond des lacs solitaires, des hautes lagunes entourées de roseaux, peuplées de canards noirs. Tous les illas causent le bien ou le mal, mais toujours au degré suprême. Toucher un illa, et mourir ou atteindre la résurrection, est possible. Ce mot illa a une parenté phonétique et une certaine communauté de sens avec la terminaison yllu (...)


"La terminaison yllu signifie la propagation d'une forme de musique [profonde et sauvage], et illa la propagation de la lumière non solaire. Killa est la lune, et illapa le rayon. Illariy désigne l'aube, la lumière qui naît au point du jour, sans la présence du soleil. Illa ne désigne pas la lumière fixe, la resplandissante et surhumaine lumière solaire. Elle dit la lumière mineure : la clarté, l'éclair, le rayon, toute lumière vibrante. Ces sortes de lumières, pas complètement divines, avec lesquelles l'homme péruvien de jadis croit avoir des relations profondes, dans son sang, et dans la matière fulgurante."